Métiers & RSE : les achats responsables
4 décembre 2018
Des Enjeux et des Hommes, en association avec Birdeo, débutait en ce 28 novembre un cycle de matinales sur l’intégration de la RSE aux différents métiers, avec un premier chapitre consacré aux achats responsables. Fanny Bénard, directrice associée de Buy Your Way, cabinet de conseil spécialisé sur la question des achats responsables, était notre experte invitée.
Mais au fait, qu’est-ce qu’un achat responsable ?
Un achat responsable est avant tout … un achat ! Il s’agit donc de se soucier de la façon dont on acquiert un produit ou un service. Par conséquent, une organisation acheteuse responsable est celle qui est consciente des impacts générés par ses achats, qu’ils soient économiques, environnementaux, ou sociaux. Un achat responsable se caractérise donc par le souci de maximiser ces impacts positifs et de limiter ces impacts négatifs.
La définition de la fonction achats s’apparente ainsi à celle du développement durable, la finalité étant de répondre aux besoins de l’organisation, d’acheter au juste besoin, et de s’assurer que l’organisation sera en capacité de répondre à ses besoins sur le long terme. Au final, de pérenniser de son activité.
Quelles tendances aujourd’hui pour les achats responsables ?
Certains secteurs sont plus que jamais sous le feu des projecteurs sur la question des achats : l’agroalimentaire, les cosmétiques, le luxe, le textile … tout ce qui touche directement les consommateurs.
On note une évolution importante dans les tendances actuelles sur les achats responsables : celle de la réglementation des achats. Jusqu’à maintenant, l’engagement dans des démarches d’achats responsables était volontariste et/ou défensif. Or, depuis 2 ans, la loi sur le devoir de vigilance et l’apparition d’une nébuleuse réglementaire relative aux achats (variable selon les pays) a changé la donne.
L’implication croissante des instances dirigeantes est nécessaire : le sujet des achats responsables dépasse la direction des achats. Les enjeux peuvent être stratégique : changer une filière polluante, arrêter de s’approvisionner auprès d’un fournisseur stratégique qui bafoue les droits de l’Homme … Chaque décision doit être prise en compte.
Le cadre réglementaire renforcé rend la gestion du risque de plus en plus présent dans la fonction des achats responsables. En découle un besoin de compétence sur l’approche risque, et celui de développer des démarches d’achats responsables sur-mesure propre à chaque entreprise.
Quel profil pour les acheteurs ?
L’esprit de la fonction est en train de passer de sourceur/négociateur à « gestionnaire des ressources externes » : cela va de pair avec le souci de pérennité de l’activité dans son ensemble, de plus en plus présent. Tandis que le cliché de l’acheteur se basant exclusivement sur la logique du moindre coût bat de l’aile. Celle-ci peut néanmoins encore se retrouver dans certains secteurs hautement concurrentiels, où il est difficile de faire face à l’injonction contradictoire d’économie à court terme couplée à un engagement dans le développement durable. Etonnement, cela peut plutôt venir d’acheteurs jeunes, avec peu d’expérience du métier, d’où un besoin de mieux former ces derniers aux achats responsables, dès leurs études.
Ne pas faire cavalier seul
Assurer un support à la fonction achats est vraiment nécessaire : les acheteurs ne sont pas des auditeurs ou des spécialistes RSE. En effet, s’ils peuvent prendre en charge un certain nombre de sujets, les autres directions doivent être des supports à la démarche.
Concernant l’évaluation des fournisseurs, question de plus en plus centrale dans les achats, le qualitatif devrait passer avant le quantitatif. Il serait préférable de faire moins d’audits de fournisseurs, mais en les accompagnant davantage : produire des rapports étayés de recommandations, avec un réel suivi et y associer des plans d’actions RSE. Les achats responsables doivent ainsi s’inscrire dans un pragmatisme fort, traduit par des actions opérationnelles pertinentes sur le terrain.
Toujours dans l’idée de développer les synergies, la fonction achats peut porter des programmes avec des acteurs locaux (associations, ONGs, etc.) : ceux-ci peuvent être un vrai soutien et ont des connaissances terrain précieuses, étant régulièrement aux contacts des fournisseurs des entreprises.
Outils et formation
Pour mettre en place des démarches d’achats responsables, il est capital de former régulièrement les acheteurs, en ayant le souci de proposer des formations adaptées aux types d’achats.
Au préalable des formations, les outils que les personnes formées vont utiliser pour s’engager dans des achats plus responsables doivent être mis en place : elles doivent pouvoir passer tout de suite à l’action. En effet, le risque de former avant d’être prêts à déployer la démarche est de créer beaucoup d’attentes sans être capable d’y répondre, sans pouvoir notablement faire évoluer les habitudes.