Mieux décider face à la complexité, 7 clés pour discerner et donner du sens
27 mai 2019
Le 21 mai, Sylvie-Nuria Noguer est venue aux « Rencontres 3 Rue du Louvre » faire une conférence sur la thématique de la prise de décision chez les dirigeants et présenter son livre « Donnez du sens à vos décisions, 7 clés pour discerner et faire les bons choix ».
« NOS DECISIONS FAÇONNENT NOS VIES », ANTHONY ROBBINS
Les dirigeants et les managers sont encore trop peu formés à la prise de décision alors que cette capacité est cruciale. Comment décidons-nous ? Qu’est-ce qui nous guide ? Comment peut-on dépasser les biais cognitifs ? Que faire face à la complexité lors d’une prise de décision ? Peut-on améliorer sa capacité à prendre des décisions ?
C’est à ces questions, parmi d’autres, qu’a répondu Sylvie-Nuria durant sa conférence et auxquelles elle répond à travers son livre.
COMMENT DECIDONS-NOUS ?
Selon les propos de Daniel Kahneman, l’être humain serait doté de deux systèmes de la pensée.
- Dans le premier système, la pensée est rapide, sans effort, stéréotypée et automatique, voire de nature impulsive. C’est une pensée intuitive qui relève de l’inconscient. Elle est sujette à nos biais cognitifs.
- Dans le deuxième système, la pensée est plus lente, elle demande de l’effort, de la concentration, c’est la pensée réflexive. Cette pensée est plus analytique et relève du conscient.
Pour Sylvie-Nuria Noguer il est essentiel d’avoir conscience et connaissance de ces deux aspects de la pensée lors de la prise de décision. En effet, contrairement à l’idée souvent évoquée dans les théories économiques libérales, l’Homme ou plutôt, l’« homo economicus », n’est pas qu’un être parfaitement rationnel et informé, capable de calcul et de self-control. Il est aussi un être sujet à des émotions qui affectent son processus décisionnel.
Mais Sylvie-Nuria nous rassure, il est possible de s’améliorer afin d’éviter ces obstacles à la prise de décision. La pensée intuitive peut s’entrainer et se perfectionner ; la pensée réflexive peut s’enclencher et devenir plus accessible. D’où la nécessité de former les dirigeants à la prise de décision.
« LA PRUDENCE EST LA SEULE VERTU PROPRE AU GOUVERNANT » ARISTOTE, POLITIQUE, 1277-B
Que faire lorsque l’on est face à une situation complexe et que l’on doit prendre une décision ?
« Il convient de faire preuve de prudence » nous répond Sylvie-Nuria Noguer, qui empreinte ici le concept aristotélicien de Phronesis (« prudence » ou « sagacité » selon les traductions). Selon Aristote, l’individu faisant preuve de prudence sollicite son intelligence ainsi que son expérience. C’est en usant de ses capacités réflexives mais aussi de ses capacités d’exécution que la personne prudente peut prendre de bonnes décisions. Dit autrement, le bon dirigeant doit savoir prendre le temps de la réflexion et faire appel à son expérience afin de pouvoir correctement et justement délibérer lors d’une prise de décision.
DISCERNER POUR MIEUX DECIDER
Ainsi dans un monde complexe, prendre des décisions nécessite de chercher à maximiser les conséquences positives et minimiser les conséquences négatives d’une décision pour soi et pour les parties prenantes. Cela doit se faire en cohérence avec une finalité claire qui guidera la prise de décision.
Pour notre oratrice, discerner pour mieux décider, revient alors à exercer un choix cohérent avec une finalité, libre par rapport aux influences externes et internes et éclairé par rapport à des facteurs rationnels, émotionnels et éthiques. C’est également, s’engager et mettre en œuvre des moyens pertinents et cohérents avec la finalité de la décision.
LES 7 CLES POUR DISCERNER ET FAIRE LES BONS CHOIX :
Sylvie-Nuria Noguer a présenté 7 clés permettant aux dirigeants et managers de mieux décider, dont les 4 premières qu’elle a explicité durant sa conférence et que nous présentons ci-dessous :
1) Définir le cadre de la décision
Lorsqu’on doit prendre une décision il est essentiel d’avoir une compréhension systémique de la situation. En d’autres termes, il faut examiner toute situation dans son ensemble et dans toute sa complexité. Comme en photographie le cadrage a toute son importance pour mieux comprendre tous les aspects de la prise décision. Les parties prenantes que notre décision peut impacter ou le niveau de décision à choisir. A qui revient la décision ? Un comité, un décideur seul, ou peut-être quelqu’un d’externe ?
C’est aussi durant cette première clé que l’on aborde les enjeux et les besoins inhérent à notre problématique. Ils nous permettront de qualifier les défis et de prévoir les ressources qui nous seront nécessaires à la prise et l’exécution de notre décision. Sylvie-Nuria Noguer ajoute ici qu’il est important dès cette clé de faire en sorte de ne pas oublier le sens que nous voulons donner à nos décisions.
2) Clarifier la finalité
Un aspect fondamental de la prise de décision qu’évoque Sylvie-Nuria Noguer est celui de la finalité de la décision. Une décision complexe se doit d’être prise en connaissance et en cohérence avec une finalité claire. C’est d’ailleurs, relève Sylvie-Nuria Noguer, le manque de finalité et de clarté qui sont souvent le plus problématique lors des prises de décision en entreprise. La finalité est comparable à la raison d’être souvent évoqué aujourd’hui dans le cadre de l’entreprise.
Sylvie-Nuria Noguer met ici l’accent sur la différence entre finalité, buts, objectifs et moyens :
- La finalité / la raison d’être liées au sens que l’on souhaite donner à la décision, au Pour Quoi (en deux mots)
- Le but et les objectifs sont liés au Quoi : la situation visée et les résultats attendus (tangibles, mesurables et atteignables)
Les moyens sont liés au Comment : ce sont les actions que l’on met en œuvre pour atteindre buts et objectifs et nous rapprocher de notre finalité.
3) Identifier des options valables
La littérature sur la décision alerte les décideurs sur le piège de l’option unique. « Si vous avez une option unique, et vous vous demander « dois-je faire cela ou pas », c’est qu’il est temps de prendre du recul » précise d’ailleurs notre oratrice.
Sylvie-Nuria Noguer a présenté un processus en trois phases tiré des approches d’intelligence collective. L’objectif est d’identifier des options créatives et réalistes avant de formuler la question du choix. La littérature sur la décision précise que pour se donner toutes les chances de prendre une décision optimale, il est préférable d’explorer en parallèle deux à trois options.
4) Être conscient de ses biais
Nous avons tous des biais cognitifs et une part de notre pensée est stéréotypée, comme vu précédemment avec Daniel Kahneman. Pour pouvoir faire des choix libres et éclairés il est essentiel d’être conscient de ses limites et de bien comprendre les biais cognitifs et les biais émotionnels, nous dit Sylvie-Nuria Noguer.
Il existe d’autres façons de dépasser les biais ou d’aider quelqu’un à les dépasser afin qu’il change d’avis. On peut par ailleurs tirer parti de ces biais pour prendre de meilleures décisions, comme le développe Richard Thaler dans son livre « Nudge : Améliorer les décisions concernant la santé, la richesse et le bonheur » (2008).
Les trois dernières clés que vous pourrez retrouver dans son livre sont : Rassembler les informations pertinentes (5), Délibérer et confirmer le choix (6) et Passer à l’action, communiquer et ajuster (7).
CONCLUSION
La prise de décision est un apprentissage et c’est à travers le questionnement que l’on peut arriver à mieux se connaître comme décideur et enrichir son processus décisionnel. Il faut avoir conscience des limites de notre pensée et de ses particularités tels que les biais cognitifs ou les stéréotypes mais aussi de l’état émotionnel dans lequel nous sommes lors de la prise de décision. Il est important de connaitre et de savoir transformer ses émotions afin d’être plus éclairé.
Sylvie-Nuria Noguer organise une retraite de 2 jours et demi en Bourgogne pour discerner et décider. Pour toute information : https://sylvienurianoguer.com/2019/05/19/discerner-pour-mieux-decider/
Référence : « Donnez du sens à vos décisions : 7 clés pour discerner et faire les bons choix », par Sylvie-Nuria Noguer, aux éditions Eyrolles, 248 pages, 25 euros.