RSE & gouvernance : panorama des acteurs de la transformation
5 juillet 2018
L’Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (Orse) et des Enjeux et des Hommes, ont mené, en partenariat avec Bpifrance, une étude sur la Gouvernance de la RSE au sein des entreprises et son évolution ces cinq dernières années.
Sur la base d’un sondage auprès de 250 professionnels du secteur et de plus de 50 entretiens individuels auprès de différentes organisations (responsable RSE de grandes entreprises, d’ETI et de PME, représentants de fédérations professionnelles et d’organisations syndicales) et de l’analyse des documents de référence des entreprises du CAC 40 publiés en 2018, cette enquête d’envergure fait le point sur les acteurs qui se mobilisent au sein de l’entreprise.
PARTIE 1 : LA FONCTION RSE AU CŒUR DE LA TRANSFORMATION
100% des entreprises du CAC 40 ont une personne en charge de la RSE et c’est le cas dans un peu moins de 20% des PME. La fonction RSE s’organise au sein d’une direction dédiée, constituée de cinq à sept collaborateurs en moyenne, et dans 46% des cas, rattachée à la direction générale.
Les responsables RSE deviennent progressivement des chefs d’orchestre : au-delà des missions historiques de conception, d’animation et d’évaluation de la démarche RSE, s’ajoutent de nouvelles missions rendant compte d’un rôle de transformation. En témoignent, les 3 premières valeurs ajoutées perçues de la direction RSE/DD :
- Faire collaborer différentes directions sur des projets transverses ;
- Développer le dialogue avec les parties prenantes externes ;
- Proposer une vision stratégique long terme.
Pour 51% des répondants au sondage, la fonction RSE a connu ou va connaître prochainement des changements organisationnels. Notamment parce qu’elle est amenée à traiter d’enjeux de plus en plus transverses. Mais aussi parce qu’elle a besoin de plus de légitimité et de gagner en visibilité, de “s’institutionnaliser” en allant vers les fonctions “régaliennes” de l’entreprise. La réorganisation de la direction s’inscrit parfois dans un contexte plus large de refonte globale de la stratégie de l’entreprise et de prise en compte de la RSE.
Pour autant, la fonction n’est pas un long fleuve tranquille. Les trois principales difficultés mises en avant sont :
- Le manque de moyens humains et financiers,
- L’incompréhension dans l’entreprise de ce qu’est la RSE
- Un champ d’expertises trop large pour parvenir à être compétent sur tous les sujets.
PARTIE 2 : LA RSE DANS LES INSTANCES DE GOUVERNANCE
L’implication de la direction générale est indispensable pour impulser une démarche qui a du sens pour l’entreprise. 47% des répondants au sondage estiment d’ailleurs que le soutien à la politique RSE par les instances de direction a fortement progressé ces cinq dernières années. Les 4 actions incontournables qui prouvent que la RSE est soutenue au plus haut niveau de l’entreprise selon notre enquête sont :
- La RSE intégrée à la stratégie business
- Le responsable RSE au COMEX
- La présence de critères RSE dans les rémunérations
- L’existence d’un comité RSE rattaché aux instances de gouvernance
La RSE est désormais portée par un membre du comité exécutif dans 59% des entreprises du CAC 40 (directeur RSE directement présent pour 33% et à l’aide d’un sponsor pour 26%).
Parmi les entreprises du CAC 40, 20% communiquent en 2018 sur la présence d’un comité RSE dédié au sein du Comex ou Codir. La création d’un tel Comité apparaît clé pour donner plus de visibilité et de légitimité aux projets.
D’après les responsables RSE interviewés, malgré l’évolution positive de l’attention portée aux enjeux de RSE, des disparités persistent en matière d’implication des administrateurs. Ainsi, lors des entretiens menés pour cette étude l’intérêt porté à la RSE par le CA est présenté comme “relatif” et de “larges progrès sont attendus”. La RSE est souvent perçue comme une “obligation réglementaire et non comme un sujet créateur de valeur”. En 2018, 56% des entreprises du CAC 40 communiquent sur l’existence d’un comité spécialisé au sein du conseil d’administration dans leur documentation de référence. Toutefois, encore trop peu d’informations sont communiquées concernant le rôle, le fonctionnement et la composition de ces comités.
Au-delà de l’intégration de la RSE au sein de ces instances, c’est la question plus globale de la gouvernance de l’entreprise et de son ouverture aux parties prenantes internes et externes qui se pose. Encore peu d’entreprises ont un comité parties prenantes externes, seulement 28% des entreprises du CAC 40, déclarent s’en être dotées.
Impliquer davantage les salariés avec le renforcement de la présence des représentants des salariés dans les conseils d’administration et de surveillance est une question en débat dans le cadre du projet de la loi PACTE. Selon les informations publiques communiquées par les sociétés du CAC 40, 77% ont un administrateur salarié. Leur présence au sein des différents comités du conseil d’administration varie, et pour 26% d’entre eux ils ne sont présents dans aucun comité.
A noter que 18% de ces administrateurs salariés font partie du comité RSE.
PARTIE 3 : LES ACTEURS DE TERRAIN, BRAS ARME INDISPENSABLE DE LA RSE
Les répondants à notre enquête insistent sur le fait que la RSE est un sujet opérationnel qui ne peut pas être géré en central. Le réseau RSE permet de décliner les approches et outils selon les spécificités du métier, de la BU, du pays (attentes des parties prenantes, enjeux culturels, réglementations). A l’international c’est une conditionsine qua nonde l’adaptation aux réalités opérationnelles.
Le recours à un réseau RSE est la solution souvent retenue, notamment dans les grandes structures, pour déployer leur politique sur le terrain. 81% des répondants à notre sondage considèrent que cette organisation est indispensable pour déployer et animer une politique RSE.
Déjà en 2011, nous constations que la part des entreprises du CAC 40 faisant référence à un réseau de correspondants avait augmenté entre 2007 (moins de 50%) et 2011 (70%). En 2018, 85% des entreprises du CAC 40 font référence à un réseau de correspondants RSE dans leur communication.
Le panorama des réseaux de correspondants a sensiblement évolué sur les dix dernières années :
- Si « la sensibilité au Développement Durable » reste incontournable, le fait d’être un « bon communiquant » et la capacité à mobiliser les équipes (leadership, conviction) sont identifiés comme clés pour réussir la mission.
- En 2011, la tendance était d’avoir recours au volontariat (s’appuyer sur des collaborateurs ayant la fibre). A présent, le fonctionnement se professionnalise avec la nomination par la ligne managériale.
Nous constations déjà en 2011 que les correspondants étaient plutôt des cadres. On observe aujourd’hui dans de nombreuses entreprises, une évolution vers des niveaux de responsabilités plus importants : des directeurs, membres du comité de direction métier ou pays.
En 2018, si la “remontée et la diffusion d’informations “ demeurent des missions importantes,les correspondants sont passés de l’animation d’initiatives ponctuelles au pilotage de plan d’actionsplus structurés. Ils contribuent de plus en plus à la définition des démarches RSE au niveau local comme au niveau global.
Selon notre sondage, des difficultés persistent :
- le temps consacré à la RSE par les correspondants reste insuffisant ;
- les moyens pour faire vivre le réseau sont trop faibles ;
- les N+1 qui n’officialisent pas les missions des correspondants.
La fonction en charge de la RSE a un rôle déterminant à jouer : celui d’équiper, d’outiller ses membres. Le fait que ces membres ne soient pas sous la responsabilité hiérarchique des responsables RSE entraîne des modalités de management particulières : un management participatif et d’influence. Il est essentiel de reconnaître et valoriser la contribution des membres du réseau pour maintenir leur motivation. Cela passe par la formalisation et l’officialisation de leur mission ainsi qu’en leur donnant une place pour qu’ils puissent contribuer.
Pour découvrir l’étude, rendez-vous ici pour obtenir la synthèse : fichier_synthese